Une série d’articles préparée en fin mars par l’Initiative des étudiant/es et travailleurs/es grec/ques de Lyon faisant le point sur la situation en Grèce.
Partie A : Crise, État d’exception et rôle de l’UE
Partie B : Dégradation des conditions sociales et privatisations
Partie C : Répression et adoption de l’agenda de l’extrême droite
Fascisme
On parle souvent de l’augmentation de la mouvance fasciste en Grèce, surtout après l’entrée du parti Aube Dorée au Parlement. On va essayer d’expliquer pourquoi une partie de plus en plus inquiétante de la société grecque soutient ce parti ainsi que le rôle qu’il joue pour le système dominant en Grèce.
A notre avis plusieurs facteurs ont contribué à ce phénomène :
- Le déplacement des partis du centre vers l’extrême droite (comme décrit dans la section ‘Répression et adoption de l’agenda de l’extrême droite’) a conduit à la banalisation des idées de la dernière
- Les partis pro austérité ont perdu une grande partie de leurs électeurs ; leur corruption et inefficacité ont été utilisées pour cibler le système Démocratique.
- Parallèlement, la brutale dégradation des conditions de vie, l’imposition des mesures en continu et le manque de solutions alternatives ont conduit une partie de la société au désespoir, la désorientation et à une envie de punition du système politique à tous prix.
- La crise économique a conduit à l’émergence des instincts les plus sombres de cette frange de la société ; instincts qui auparavant étaient dissimulés derrière, d’une part la fausse prospérité du pays, et d’autre part la dénonciation des pratiques/idées de l’extrême droite qui a suivi la fin de la dictature en 1974.
A l’encontre des déclarations du gouvernement grec, l’émergence de la mouvance fasciste dans ce contexte de crise économique joue un rôle positif à plusieurs échelles pour les dirigeants du pays.
Pour commencer, le discours d’Aube Dorée oriente le problème de la crise vers la xénophobie et écartent la population des luttes sociales. Les mesures d’austérité passent à l’arrière-plan et les populations immigrées sont quotidiennement rendues responsables de la hausse de la criminalité, du chômage, de l’évasion fiscale, des dysfonctionnements du système de providence et autre.
Dans un deuxième temps, les revendications ouvrières sont considérées comme des réminiscences gauchistes/communistes et les personnes qui s’en réclament sont presque considérées comme des ‘ennemis de la patrie’. Ainsi, une nouvelle forme de répression apparaît, cette fois-ci paraétatique et donc beaucoup moins contrôlable et plus violente. Les fascistes constituent donc des forces inavouées du système quand ce dernier veut augmenter encore plus son niveau de violence envers la multiplication des luttes.
Dans un troisième temps, les luttes sociales fortement enrichies depuis la crise (telles que les grèves, les manifestations etc) se présentent égales aux actes violents et racistes des fascistes. Tout acte qui sort de la légitimité bourgeoise établie doit être considéré de la même façon et condamné par la société, que ce soit un coup de couteau à un immigré ou la reconduction d’une grève jugée illégale par un tribunal.
Mais les dirigeants politiques grecs vont encore plus loin : en ces temps de contestation totale et de luttes sociales importantes (parfois violentes) des milieux de gauche/anarchistes d’une part, et de violence raciste des milieux fascistes d’autre part, l’Etat vient jouer le rôle du protecteur de la paix sociale. C’est d’ailleurs le seul rôle qu’il peut jouer puisqu’il a perdu la capacité de diriger efficacement le pays et de donner de l’espoir à la population.
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