Citant les données d’Eurostat, le Wall Street Journal a publié lundi 14 février une entrée, intitulé «Busting North – South Stereotypes» (Démanteler les stéréotypes Nord – Sud), indiquant que les Grecs en particulier, ont la plus longue semaine de travail en Europe à une moyenne de 42 heures, suivis par les Espagnols et les Portugais avec 39 heures par semaine.
L’article complet du WSJ:
La crise de la zone euro a dévoilé un des stéréotypes les plus durables en Europe : la division entre les Pays du Nord qui travaillent dur contre les paresseux du Sud. Et ces stéréotypes ont pénétré dans une certaine mesure dans le débat politique de l’Union Européenne sur la façon de répondre à la crise.
Mais la réalité est plus compliquée que cela: l’Irlande par exemple, récemment renflouée, ne fait pas partie du sud d’Europe. A part ce fait gênant, il y a d’autres problèmes concernant le stéréotype Nord-Sud.
Par exemple, dans quels pays les employés travaillent le plus pendant la semaine? Ce serait les Grecs, qui travaillent en moyenne 42 heures par semaine. L’Espagne et le Portugal ne sont pas loin derrière avec une semaine de travail d’environ 39 heures. Et où est la semaine de travail la plus courte dans l’UE ? Ce serait aux Pays-Bas, avec moins de 31 heures par semaine.
Les allemands travaillent en moyenne un peu moins de 36 heures par semaine, soit nettement moins que les Grecs qui travaillent dur et sont maintenant renfloués.
Votre première réaction pourrait être : voici encore une autre statistique qui a été modifiée par les Grecs. Mais ce n’est pas le cas, selon Eurostat, qui a plusieurs explications à ces chiffres.
Tout d’abord, le travail à temps partiel est beaucoup plus répandu dans les pays nordiques, en particulier aux Pays-Bas et en Allemagne. En Grèce et dans les autres pays du sud, les travailleurs ont soit un emploi à temps plein ou alors sont au chômage (cette dernière situation se multiplie en cette ère d’austérité).
Les femmes sont également beaucoup plus susceptibles de travailler dans les pays du Nord, en particulier les pays scandinaves, et les femmes ont tendance à travailler moins d’heures que les hommes.
Deuxièmement, un pourcentage plus élevé de travailleurs grecs ont tendance à travailler dans l’agriculture, où les heures de travail sont généralement plus longues. Il en va de même pour les autres pays d’Europe du sud qui font face à des ennuis.
Ce que ces chiffres dévoilent, c’est que le problème des pays du sud n’est pas que les employés ne travaillent pas assez. Le problème est plutôt la faible productivité dans la rive sud : en 2009, les travailleurs grecs génèrent juste 18,50 € par heure de travail ; pour l’Espagne et le Portugal, le nombre est de 24,40€ et 13,8€ respectivement.
Les travailleurs néerlandais génèrent 39,50€ et les travailleurs allemands 38,70€. Oui, l’écart est énorme.
Mais qu’est-ce que cela dénote ? Est-ce la bonne décision de couper les pensions et les prestations d’aide sociale dans les pays da la zone euro du sud, comme la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne le demandent? Cela va sans doute obliger les Européens du Sud à travailler encore plus, mais cela ne va pas les rendre plus productifs.
Une raison qui explique partiellement cet écart est que les travailleurs du Nord bénéficient d’une meilleure technologie et de meilleures infrastructures. Un travailleur grec qui a suivi la même formation qu’un ouvrier allemand est toujours moins productif du fait de la technologie et des infrastructures. Mais comment réduit-on l’écart dans les infrastructures et la technologie?
L’Irlande constitue un exemple intéressant. Les travailleurs irlandais sont parmi les plus productifs de l’UE, en générant 38.90€/heure en 2009.
La raison est que le faible taux d’imposition des sociétés en Irlande a incité les entreprises multinationales, maîtres de savoir-faire technologique, à s’installer en Irlande. Cela a stimulé la productivité des travailleurs Irlandais – mais malheureusement, la plupart des gains de cette augmentation de la productivité ne sont pas récoltés par le gouvernement à travers la fiscalité, mais ils sortent du pays sous la forme de profits, principalement vers des multinationales américaines.
Mais la leçon pour les autres pays de la zone euro est claire. Soit Leurs travailleurs doivent aller là où la technologie se trouve (en Allemagne, aux Pays-Bas … en Finlande!). Après tout, c’est l’histoire des États-Unis depuis le milieu du 19ème siècle, lorsque des millions de travailleurs d’Italie, d’Irlande et d’Europe de l’Est sont arrivés pour travailler dans l’industrie américaine qui était en plein essor. Ou bien ces gouvernements devraient pousser les entreprises multinationales à amener leur technologie dans la zone euro du Sud.
Ce qui sera très difficile, c’est de faire améliorer la productivité de l’économie de la zone euro du sud sans aide extérieure importante.
Source : Wall Street Journal
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[…] Enfin, en préambule, les journalistes de France Culture ont aussi interrogé deux auteurs qui ont cherché à dissiper les clichés sur la Grèce et les Grecs (voir livres ci-dessous). Alors que le Wall Street Journal, via Eurostat, vient par exemple de classer la Grèce en tête de liste des plus longs horaires de travail en Europ… […]
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