Malgré les promesses stériles du gouvernement grec d’une éventuelle sortie de la crise afin de justifier les nouvelles mesures d’austérité qui ont été mises en place pendant l’été, la rentrée équivaut pour les grec/que/s à une cinquième année de rupture de la toile sociale, de diminution des services publiques et de dégradation systématique de la qualité de leur vie.
Ce sentiment de mécontentement général a été exprimé depuis septembre par des manifestations, des grèves et diverses formes de lutte politique. La lutte des enseignant/e/s, notamment, qui a mobilisé une partie de la société et qui, avec le soutien des étudiant/e/s, a abouti à la fermeture de plusieurs facultés (dont certaines sont toujours fermées actuellement).
Le gouvernement grec, de son côté, reste toujours dans la même dialectique de répression et de division et s’appuie largement pour cela sur l’extrême droite. Pendant les vingt dernières années, les deux grands partis politiques (Parti Socialiste et Nouvelle Démocratie), qui se suivaient l’un l’autre au pouvoir, ont tenu un discours raciste et démagogique et de plus ils ont permis l’insertion des fascistes dans les forces de sécurité (armé, police). Aujourd’hui, dans le contexte de la crise économique, ceux-ci émergent et sont même représentés au parlement par l’Aube Doré. Les fascistes sont renforcés par les résultats des dernières élections et par la médiatisation, et leur violence augmente. Ils attaquent ainsi toutes les parties de la société qui luttent, récemment même les membres du Parti Communiste. Cette dialectique de la violence va prendre une forme extrême avec l’assassinat de Pavlos Fyssas, militant et artiste, poignardé à mort. Cette action d’horreur a monopolisé bien évidement l’intérêt public. En conséquence, des dizaines de manifestations et de rassemblements antifascistes ont spontanément été organisés partout en Grèce. Les médias sont pourtant restés silencieux et n’ont pas diffusés la taille des mobilisations. Pendant la manifestation antifasciste du 18 septembre, la police interrompt la manifestation et provoque les manifestants. Les affrontements commencent et suite à la répression policière extrêmement violente, un jeune militant, Gavriil, reçoit une balle flashball directement à l’œil. Il a été transféré à l’hôpital ainsi qu’une trentaine de personnes, victimes elles aussi de la violence policière. Sa vue n’a pas pu être sauvée.
Quelques jours après la tragédie de l’assassinat, le chef et les députés de l’aube dorée sont arrêtés de manière spectaculaire. Ils sont accusés d’être membres d’une organisation criminelle et donc mis hors la loi par le même système judiciaire qui avait, avant les élections de 2012, confirmé leur légitimité. En même temps l’état saisit l’occasion d’égaler les néonazis et la gauche, en mettant les réactions du peuple au même niveau que les violences extrêmes de l’aube dorée. Les enjeux politiques deviennent de plus en plus clairs. Au nom de la démocratie, le gouvernement emprisonne « les méchants » avant les élections afin d’attirer des votes. De plus, il ne donne pas la parole aux accusés, en les mettant en position de victimes, pour détourner l’attention du public de leurs activités criminelles. L’état, qui était bien évidemment au courant de la vraie nature de l’aube dorée, laissait pendant tout ce temps ce groupe néonazi en légitimité pour désorienter l’attention du peuple des autres problèmes concernant l’éducation et la santé. Soulignons ici que pendant cette période où les médias ne parlent que de l’affaire aube dorée, les universités, les écoles et les hôpitaux publics ferment ou se fusionnent, des milliers de salariés sont virés, un ticket d’un montant de 25euros devient obligatoire pour que les citoyens puissent entrer dans les hôpitaux et recevoir des soins médicaux. Des grandes réactions et mobilisations ont eu lieu suite aux nouvelles mesures mais elles sont toujours dissimulées par les médias.
Malgré l’arrestation des membres d’Aube Dorée, aucune confiance ne peut être accordée à la classe dominante grecque et ses institutions (gouvernement, médias, justice, police); la lutte continuera pour leur démantèlement total.
Hommage et honneur à Pavlos Fyssas et à toutes les victimes de la répression de l’état grec.
Résistance et solidarité internationale!
Initiative des étudiant/es et travailleurs/es grec/ques de Lyon
[…] Source: Nouvelles Hors les Murs […]